Jusqu'à sa fermeture administrative en 1946, se trouvait au 12 de la rue Chabanais dans le 2ème arrondissement de Paris, l'une des plus célèbres maisons closes de l'époque. Ministres, présidents du Conseil, et têtes couronnées d'Europe, clients assidus, se pressaient dans ces décors hollywoodiens, avant la lettre : une chambre Louis XVI voisinait avec un salon pompéien, un tatami japonais avec une chambre mauresque...

Au 122 de la rue de Provence (8ème arrondissement - juste derrière les Galeries Lafayette) le One Two Two offrait des chambres à thème comme la chambre de torture du Moyen Age, la chambre des supplices avec mise en scène de crucifixion, la cabine de paquebot transatlantique, le grenier à foin, la chambre igloo, j’en passe et des meilleurs…

Etait-cela qui a inspiré la commande de Sadiq Muhammad Khan Abbasi IV, Nawāb de Bahawalpur ?

Toujours est-il qu'il commanda anonymement un lit en bois de rose et recouvert de plus de trois cents kilos d'argent massif à la maison Christofle de Paris. La particularité de ce mobilier d'apparat était qu'il présentait aux quatre coins des statues féminines automates de type européen, dévêtues mais perruquées. Un système les faisaient se mouvoir, cligner des yeux et éventer le commanditaire à partir de tringles passant dans les piedestals. La légende prétend que les mouvements au centre du matelas activaient une boite à musique et suffisaient pour bander les ressorts qui ainsi actionnaient en mesure les figures toujours impassibles.

Tout cela cadencé au son d'extraits du Faust de Charles Gounod. La prestation musicale durait une trentaine de minutes.

Seule une aquarelle du projet et quelques photos prises à l'époque par la firme Christofle témoignent de la réalité de la commande, dont on ignore où elle se trouve actuellement.